Que se passe-t-il dans ce pays !? Par Sidi Ali Bel‘Amech

Azzaman.info/
Le calvaire des catégories dites « vulnérables », les marginalisés, les exclus, les anciens esclaves, l’après-Madrid, le “monde intermédiaire”, le pays de l’anarchie (…) : un lexique misérable qui envahit de façon honteuse la narration mauritanienne, dont les auteurs oublient la fragilité de leur propre culture, la marginalité de leurs idées, leur asservissement intéressé et leur appartenance confuse…
Épargnez-nous ce vocabulaire misérable, collé aux paupières de votre misère, de votre ignorance et de la décadence de votre langage :
Il n’y a pas en Mauritanie de catégories vulnérables, ni marginalisées, ni sans-abri, ni opprimées, ni lésées, ni humiliées…
Il y a des gens qui refusent de quitter leur lieu de naissance, dans des régions reculées et isolées : ils ont choisi leur misère.
Il y a des familles fières, qui refusent de travailler : ils sont responsables de leur condition.
Il y a des villages situés sur des terres fertiles, qui refusent de les cultiver et de tirer profit de leurs ressources.
Il y a des communautés rurales miséreuses, qui refusent d’exercer des métiers qui assurent richesse et subsistance à d’autres : agriculture, élevage, artisanat, etc.
Il y a des jeunes (diplômés ou non) qui refusent d’accepter les règles du libéralisme : l’État les a instruits, mais ce n’est pas à lui de leur trouver du travail.
Il y a des jeunes prêts à exercer mille métiers à l’étranger, mais qui les refusent dans leur propre pays, pour des raisons que tout le monde comprend…
Aujourd’hui, la wilaya du Tagant est l’une des plus pauvres du pays. Et lorsque Capouani se dressa sur la colline célèbre d’Ain Ben Tili il y a plus de cent ans, il déclara : « Si l’on me confiait cette vallée, j’assurerais à la France son autosuffisance agricole. »
Nous ne sommes pas un pays pauvre, nous sommes un pays arriéré. Et nos élites, au lieu d’éduquer le peuple, sont devenues celles qui perpétuent les causes du retard, qui fabriquent le langage du désespoir, qui propagent la résignation face à un destin qu’elles inventent elles-mêmes, distribuant la défaite face à celui-ci…
Nous sommes un pays riche, dont les frontières laissent fuir chaque mois des dizaines de milliards vers les pays voisins, issues de la sueur et des “talents” négatifs de ses fils.
Nous sommes un pays riche, dont les mers nourrissent l’Europe, l’Asie et bien d’autres.
Nous sommes un pays riche, où la seule région du Chemama pourrait absorber tout le chômage du pays.
Après plus de 100 ans d’activité, la SNIM continue à vendre des cailloux : notre fer est vendu par la France, la Chine, le Japon, etc. — nous sommes toujours incapables d’acquérir de hauts-fourneaux pour exploiter nos riches gisements !
Ceux qui profitent le plus aujourd’hui de l’orpaillage (mines artisanales d’or), ce sont les étrangers (Soudanais, Maliens…).
La majorité des terres agricoles du Chemama appartiennent désormais aux Marocains.
Tous les abattoirs et les magasins de légumes à Nouakchott et Nouadhibou sont aujourd’hui monopolisés par les étrangers.
Tous les salons de coiffure et de beauté rentables, ainsi que les hammams, sont aussi occupés par des étrangers.
Les journalistes et écrivains de “l’après-Madrid”, du “monde intermédiaire”, de “la conférence d’Aleg” et des “catégories vulnérables” (…) doivent craindre Dieu pour l’image de ce pays… et se souvenir de comment ils sont devenus journalistes ou écrivains sans aucune préparation, avant de juger les autres ou de se permettre de critiquer tout le monde.
Ceci est la terre des hommes, des héros, des martyrs, des érudits, des poètes et des savants.
Peut-être ignorez-vous que la pire époque de ce pays fut celle de votre élitisme…
Peut-être oubliez-vous que le moment le plus misérable vécu par la Mauritanie fut votre époque…
Avant vous, il y eut Ibn Tachfin…
Avant vous, il y eut Bocar Ould Tsweyd Ahmed…
Avant vous, il y eut Sidi Ahmed Ould Ahmed Ould Aida…
Avant vous, il y eut Cheikh Ma al-Aynayn, Ould Djed, Wajah…
Avant vous, il y eut Ould Etlamid, Aba Ould Akhtour…
De qui vous moquez-vous donc ? De qui osez-vous rire ?
La vraie “anarchie”, c’est de ne pas avoir honte.
Le vrai “scandale”, c’est que des gens comme vous deviennent des faiseurs d’opinion.
Le vrai “monde intermédiaire”, c’est vous : suspendus entre élitisme et populisme, perdus, désorientés, distribuant l’insulte à ceux qui ont accompli des miracles dans les époques les plus difficiles.
Vous ne méritez pas le passé glorieux de vos ancêtres. Vous ne méritez pas leur gloire éternelle. Vous ne méritez pas leur héritage historique grandiose.
Je ne comprends plus les positions ni les cercles de certains ! Je ne crois plus à l’intelligence feinte ni aux manigances de certains !
Mais alors, que se passe-t-il dans ce pays !?