Faye et Sonko : L’alliance de nécessité entre deux hommes au carrefour du pouvoir et de l’ambition

Suivi par : Abdallahi Mohamed Boune
azzaman.info

Au cœur des défis que traverse le Sénégal, les observateurs posent une question fondamentale : comment deux hommes, aux parcours différents et aux expériences contrastées, peuvent-ils gérer les divergences issues de l’exercice du pouvoir sans voir leur projet politique commun s’effondrer ?

Le président actuel, Bassirou Diomaye Faye, arrivé au pouvoir en mars 2024, n’était pas le candidat initial du parti Pastef. Il a été désigné en remplacement, après que le leader du parti, Ousmane Sonko, ait été empêché de se présenter en raison de poursuites judiciaires dans une affaire controversée qui a suscité de vifs débats au niveau national et international. Faye, longtemps perçu comme « l’homme de l’ombre », s’est retrouvé soudainement sous les projecteurs, tandis que Sonko, qui avait porté le parti à son apogée populaire, a dû se replier dans un rôle d’influenceur en retrait.

Malgré l’harmonie apparente entre les deux hommes durant leur première année de pouvoir — marquée par l’organisation d’élections législatives anticipées qui ont offert à leur coalition une confortable majorité parlementaire — les interrogations se multiplient sur la solidité de cette alliance face à la complexité de l’exercice du pouvoir. Les signes de tension apparaissent dans certains dossiers sensibles, notamment la réforme judiciaire et la gestion des relations avec la France.

Des analyses publiées dans des journaux comme Le Quotidien ou SeneNews soulignent que la relation entre Faye et Sonko s’est éloignée de l’harmonie initiale. Des divergences stratégiques sont évoquées : Faye privilégierait une approche pragmatique et apaisée avec l’opposition et les partenaires occidentaux, tandis que Sonko resterait attaché à une rhétorique plus radicale, refusant les compromis politiques.

Le Sénégal, qui a connu une transition démocratique relativement paisible après les troubles de 2021 à 2023, se trouve aujourd’hui face à une nouvelle épreuve : le duo qui incarnait l’espoir d’une jeunesse en colère peut-il rester uni ? Ou les ambitions personnelles et ce que certains appellent « le réalisme du pouvoir » sépareront-ils le président institutionnel du tribun populaire ?

Dans ce contexte, des voix sénégalaises s’élèvent, à l’instar du journaliste Babacar Jawara, qui écrivait récemment dans Walf Quotidien :

> « Le pouvoir change les places des hommes… Et Sonko, qui est passé de la rue au cœur du système, pourrait se retrouver hors-jeu s’il ne maîtrise pas le bon tempo et la bonne stratégie. »

C’est là un véritable moment de vérité pour une alliance née de la contrainte, et aujourd’hui confrontée aux épreuves du pouvoir, de l’histoire personnelle et des attentes d’un peuple qui réclame bien plus qu’une simple cohabitation entre président et Premier ministre.

مقالات ذات صلة

اترك تعليقاً

زر الذهاب إلى الأعلى