Épisode 1 : La voiture de rêve et le détournement

 

(Amar… Quand les apparences deviennent une prison)

Dans l’un des quartiers modernes de la capitale de « Mon Pays », Amar, un jeune homme au début de sa carrière, travaillait comme fonctionnaire dans une administration publique. Issu d’une famille modeste, il avait été élevé dans la sobriété et la satisfaction. Pourtant, la société autour de lui évoluait dans une direction opposée : les rues étaient remplies de voitures de luxe, les téléphones dernier cri brillaient dans toutes les mains, et les apparences étaient devenues la véritable mesure de la valeur sociale — bien plus que l’éthique ou la compétence.

Chaque jour, Amar se rendait à son travail à bord d’une vieille voiture héritée de son père, peinant à le transporter de sa modeste maison jusqu’à un bureau encombré. Chaque matin, en la garant à côté des véhicules flambant neufs de ses collègues, une gêne cuisante le saisissait. Ce malaise, d’abord discret, s’amplifia au fil des jours, surtout après avoir entendu un collègue chuchoter avec ironie :
— « Comment un employé comme lui peut-il se contenter d’une telle voiture ? »

À cet instant naquit en lui un désir brûlant de changement : non pas un besoin réel, mais une pression sociale silencieuse, difficile à combattre. Amar se mit à parcourir les annonces de voitures de luxe, s’imaginant déjà au volant de sa voiture de rêve, sous les regards admiratifs du voisinage et des amis.

Mais la réalité financière était implacable : son salaire suffisait à peine à couvrir ses dépenses mensuelles et il n’avait aucune épargne. Peu à peu, sous la pression, sa conscience commença à justifier ce qu’il n’aurait jamais envisagé auparavant.

Un jour, Amar fut chargé de suivre des dossiers financiers sensibles au sein de son service. En les examinant, il découvrit des failles dans le système de contrôle interne — des failles qui pouvaient être exploitées sans grande chance d’être découvertes. D’abord, l’idée le troubla… puis revint plus forte le lendemain… jusqu’à devenir un plan bien réel. Son démon intérieur lui souffla :
— « Ce n’est qu’une avance temporaire… Tu rembourseras plus tard, une fois la voiture achetée. Personne ne s’en apercevra. »

Et ainsi, Amar détourna progressivement une partie des fonds vers un compte personnel, jusqu’à réunir une somme suffisante pour s’offrir la voiture de ses rêves. Le jour où il arriva au bureau au volant de son nouveau bijou, une fierté illusoire l’envahit : applaudissements, regards admiratifs, compliments flatteurs… Il crut enfin avoir « réussi ».

Mais cette gloire éphémère fut le début d’une spirale d’angoisse. Les auditeurs financiers lancèrent un contrôle inopiné. L’État venait de décréter une campagne nationale de lutte contre la corruption et de renforcement de la traçabilité électronique. Amar sentit l’étau se resserrer chaque jour un peu plus ; chaque appel téléphonique devenait un présage de scandale.

Une nuit, assis seul dans sa voiture flambant neuve, il contemplait les lumières de la ville — mais son cœur était lourd de peur et de remords. Il revit le regard pur de sa mère, la rigueur de son père, et redouta de finir derrière les barreaux à cause d’un caprice passager. Alors, il prit la décision la plus difficile : avouer.

Le lendemain matin, il se présenta à son supérieur et lui raconta tout en détail. Son aveu lui valut une certaine clémence, car l’argent n’avait pas été totalement dissipé. Il fut contraint de rembourser la somme et intégré dans un programme de réhabilitation.

Peu après, son directeur l’encouragea à bénéficier d’un programme national de financement islamique permettant l’achat de véhicules par la formule de la murabaha (crédit conforme à la charia). Amar y souscrivit et acquit une voiture adaptée à ses moyens, cette fois de façon légale et honnête.

Avec le temps, la voiture de luxe perdit toute son aura à ses yeux : elle devint simplement le rappel d’une leçon précieuse : la dignité ne s’achète pas dans les vitrines du paraître — elle se construit sur l’honnêteté, la constance et une planification saine. Il comprit que la pression sociale ne se combat pas par l’imitation, mais par la fidélité aux valeurs.

La vraie richesse est intérieure.

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📝 azzaman.info

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